mai 2019

 
 

Le mot de Jacqueline Picoche

Chers amis,

Ma lettre précédente se concluait sur une invitation à confronter l’adjectif content à ses parasyonymes.

C’est ce que nous allons faire aujourd’hui en prenant cette fois pour centre de notre leçon le nom PLAISIR.

 

Pour le faire fonctionner dans des phrases j’ai besoin au moins de deux éléments que dans mon Dictionnaire du français usuel (DFU) j’ai appelés “actants”.

 

  1. Un être humain.

  2. Quelque évènement qui sort plus ou moins de l’ordinaire et qui lui fait plaisir.

Jean dit : « ça me fait plaisir ».

 

Mais il peut exprimer son plaisir de toutes sortes d’autres manières. Il a à sa disposition toute la panoplie des mots qui expriment cet état affectif positif : noms, adjectifs, verbes et adverbes.

 

Partons du nom PLAISIR.

 

Les autres noms possibles sont CONTENTEMENT, BONHEUR, JOIE.

 

Les verbes correspondants sont CONTENTER, PLAIRE et RÉJOUIR. Notons qu’il n’y a pas de verbe correspondant à BONHEUR.

 

Les adjectifs correspondants sont CONTENT, AGRÉABLE, HEUREUX, JOYEUX, Notons qu’au point de vue de la forme le mot agréable fait figure d’intrus dans la famille. Mais son sens l’impose. Quant à PLAISANT, rare et sémantiquement un peu éloigné de la famille, laissons-le de côté pour le moment.

 

Et nous avons à notre disposition trois adverbes : AGRÉABLEMENT, HEUREUSEMENT et JOYEUSEMENT (laissons de côté PLAISAMMENT, comme nous avons laissé de côté PLAISANT ; leur rapport à plaire et à la plaisanterie pourrait faire l’objet d’une autre leçon à un niveau supérieur).

 

Un peu de syntaxe

 

En ce qui concerne les verbes, remarquons qu’ils ont normalement pour sujet ça :

 

Ça plaît à Jean, ça le contente, ça le réjouit

 

Jean prend plaisir à faire ça est moins naturel que Jean aime bien faire ça.

 

C’est que sous ces trois verbes se cache le grand verbe passe-partout AIMER dont les relations avec plaire pourront faire l’objet d’une autre leçon dans une prochaine lettre.

 

Ils peuvent avoir un sujet personnel, pronom ou nom, à condition de passer à la forme pronominale :

il se contente de ça, nous nous réjouissons de ça. Avec plaire, c’est plus difficile mais pas impossible. Jean se plaît à faire ça. En revanche on ne peut pas dire  – Jean se plaît dans ça.

 

Une lecture

Vie de plaisir


Tout plaisir a une vie : il s’annonce, naît, s’épanouit, décline et dépérit.

 

Si ce matin dans le jardin l’air transportait le plaisir de l’été, il rappelait aussi la certitude de l’hiver.

 

Mais ce n’était pas moins un petit bonheur ce que je ressentais, et je chassais de mes mains deux vilains sujets aériens qui s’amusaient à m’embêter. Trouble-fête et Rabat-joie, allez-vous en, je leur disais !

 

Cédric leva les yeux sans comprendre, puis il s’est mis à réciter son poème pour Sophie : on retiendra bien peu de mes vers incertains, seulement que je t’aime, et qu’ainsi tout est bien ...

 

Je trouvais ça très joli. C’est dire qu’un plaisir s’est mis à vivre sa petite vie.


Ada Teller

Extrait de son Recueil de textes brefs pour Vocanet
proposés à titre optionnel et récréatif pour clore une leçon.

 

 

www.vocanet.fr

 

 

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